CHOC DES CIVILISATIONS : L'ÉTAT ACTUEL

Publié le par leblogdegeorgesdillinger

 

Depuis la parution du fameux livre d'Huttington, le monde a évolué plus rapidement et plus profondément qu'il ne l'avait jamais fait. En Occident, les années 1960 ont été le théâtre d'une véritable rupture de civilisation. Celle-ci a éclaté au grand jour en mai 1968, sous-estimé à l'époque dans son importance, sa profondeur et la descendance qu'elle allait avoir. Un demi-siècle plus tard, les principes moraux – au sens le plus large du terme - qui structuraient notre société, sont bafoués et méprisés. Les institutions sacrées qui assuraient la pérennité de notre peuple – telle la famille, la maternité, le respect de la vie – semblent méthodiquement ruinées. Il est vrai que notre capacité de résistance – intérieure et extérieure – est si faible, nos politiciens et nos populations elles-mêmes s'avèrent si démoralisés et résignés. Les intellectuels ont voulu une société ouverte : c'est fait, comme un homme meurtri par des terroristes est abandonné le ventre ouvert…

De leur côté, des pays arabo-musulmans, jusqu'alors pétrifiés depuis plus d'un millénaire dans un immobilisme imposé par leur religion, subissent, surtout depuis trois décennies, des métamorphoses radicales sur lesquelles je reviendrai.

Or, le décloisonnement du monde dont sont responsables les voyages permanents et même de véritables migrations de populations, met en contact ces deux mondes d'une façon infiniment plus étroite que nous l'avons jamais connu, même avec la colonisation et les protectorats. Plus important peut-être encore que ces migrations, sont les moyens de communication et, à tout seigneur tout honneur, ceux issus du numérique, susceptibles de véhiculer, de répandre, de diffuser des idées (?), des modèles !, des incitations, des mots d'ordre, se propageant dans le monde plus vite qu'un incendie dans une forêt.

 

Ce que les Arabo-musulmans rejettent de l'Occident et de la civilisation chrétienne

Le premier rejet surplombe tous les autres car, il est métaphysique, transcendantal. Il s'enracine dans la Passion du Christ elle-même. En effet, il est bien insuffisant de dire que Jésus est ravalé au rang d'un prophète dès lors que sept siècles plus tard, un autre prophète est venu "renouveler" l'approche d'Allah. En fait, l'abomination qui, pour eux, pèse sur Jésus-Christ est infiniment plus lourde. Comment, si Jésus était fils de Dieu et Dieu lui-même, a-t-il pu se soumettre aux avanies et aux outrages endurés pendant plusieurs heures publiquement, ostensiblement pour tout dire. Pour ces disciples de Mahomet, Allah n'est pas ce Dieu de charité qui aime sa créature d'un amour infini. D'abord Allah est grand, lointain, distant, impitoyable et ne peut être que dur comme le roc puisqu'il envoie ses adorateurs à la Djihad en promettant le paradis à ceux qui y auront perdu la vie.

Nos évêques modernistes qui réservent leurs attentions larmoyantes aux musulmans de France, nos clercs revendiquant que le pouvoir politique n'en fait pas encore assez pour les musulmans en France ont perdu la raison. Les théologiens qui se fourvoient dans le dialogue inter-religieux sont des naïfs ou des pervers. Les musulmans qui viennent leur donner la réplique, se prêtent au dialogue comme le chat avec la souris. Mais au moins quand le félin fond sur le misérable rongeur, je ne pense pas que celui-ci soit consentant.

Les exactions physiques qui sont dans le droit fil de cette incommensurable mépris spirituel, ont débuté avec les premières chevauchées de Mahomet. Elles sont hélas d'une brûlante actualité et nullement destinées à finir. De l'Irak au Nigéria, des Balkans au Soudan, de l'Egypte au Philippines, de l'Anatolie au Kurdistan, partout les minorités chrétiennes sont terrorisées, massacrées, font l'objet des plus abominables carnages. Elles sont pourtant les seules à avoir droit de cité, en tant qu'indigènes, sur ces terres où elles étaient installées des siècles avant l'envahisseur musulman.

On a osé parfois prétendre que ces massacres seraient justifiés (!) par la qualité de ces minorités d'agents, sur place, des nations occidentales. Une sorte de Cinquième Colonne en quelque sorte. L'accusation est évidemment totalement mensongère. Certaines minorités étant catholiques reconnaissent l'autorité du Souverain Pontife romain. Cela n'implique jamais la moindre sujétion de ces populations au profit d'Etats occidentaux ni a fortiori la moindre activité à leur bénéfice. Ces carnages ne sont inspirés que par une cruauté et une haine aveugle.

Enfin, plus conjoncturellement en quelque sorte, le rejet – ô combien actif – d'Arabo-musulmans à l'égard de l'Occident trouverait des motifs politiques dans l'actualité. De bonnes âmes – avec la complicité d'intellectuels européens abjects et menteurs – rappelleront aux musulmans de base combien leurs ancêtres ont souffert dans la période coloniale. Les témoins ne sont plus là pour dénoncer ces langues menteuses avec la véhémence qui s'imposerait.

Mais surtout, il y a – et il y aura toujours – le grand Satan américain. A celui-là, on ne pardonne rien. Ni le soutien obstiné qu'il apporte à la survie de l'Etat juif, ni les pressions que sa diplomatie exerce - les unes effectives, les autres imaginaires - sur les Etats arabo-musulmans d'Afrique du Nord et du Proche-Orient. Atteintes insupportables à la souveraineté de ces nations qui, au demeurant, ne mènent souvent qu'une politique bafouillante. Mais ce que l'Arabe de ces pays leur pardonne le moins – car la reconnaissance ne fait pas partie de leur patrimoine spirituel – ce sont les milliards de $ que les Etats-Unis leur apportent chaque année. Qu'ils ne disent pas merci pour les 8 milliards de $ alloués annuellement pour équiper l'armée égyptienne, soit. Mais qu'ils enragent à l'idée de ces millions de sacs de blé que les uns et les autres de ces Etats arabes reçoivent annuellement, pour leur éviter la famine, cela est triste.

 

Des contrastes insupportables

   Peu d'années après l'assassinat du Père de Foucault (1916) et la pacification des Touaregs du Hoggar, le nouveau pouvoir français a eu l'idée géniale – comme disent les enfants – d'amener l'amenokal visiter la France et particulièrement Paris. Sorti de sa tente et des poux que lui communiquaient ses chèvres et ses chameaux, abandonnant pour un temps ses pics volcaniques de l'Atakor, il a visité notre capitale à l'apogée de son ordre, de sa beauté et de sa magnificence. A cette époque, ce musulman (tiède) n'a pas dit : "je conquerrai tout cela, je le détruirai". Il en est revenu fidèle à la France, peut-être fier de sa nouvelle patrie.

La confrontation actuelle entre les populations arabo-musulmanes et les civilisations occidentales, séparées par un décalage persistant même s'il s'amenuise au fil du temps, ne se vit pas dans de si bonnes conditions. Encore est-ce façon de parler.

Si le croupissement des sociétés arabo-musulmanes n'est plus ce qu'il fût de tous les temps – en particulier pour un pays comme la Tunisie -, la comparaison quotidienne, immédiate, permanente, avec le monde occidental, reste douloureuse pour ces musulmans. L'affaire touche au drame dès lors que l'on se souvient qu'Allah a assuré ses fidèles de leur suprématie sur tous les autres peuples de la Terre. Comment dans ces conditions, ces hommes pourraient-ils ne pas ressentir de façon tragique leur infériorité manifeste dans les domaines scientifiques, techniques, culturels, civilisationnels en général. Plus concrètement, réalisons que le musulman conscient, devant son réfrigérateur, son téléphone portable ou la plus modeste prise de courant, sait que tout cela est né en Occident. Bref, plus la confrontation est étroite, plus le temps passe, plus la blessure d'amour- propre et l'humiliation blessent l'Arabo-musulman. Cela ne saurait finir sans se répercuter sur ses comportements.

 

L'Occident actuel inspire le mépris et la haine aux musulmans

Notre décadence abyssale ne saurait être ignorée de tout le monde arabo-musulman. Des dizaines de millions qui ont envahi l'Europe en sont les témoins quotidiens. L'infinie diversité des médias planétaires, les témoignages des migrants et des voyageurs, renseignent les autres restés au pays par leurs témoignages parfois horrifiés. Cette décadence embrase un mépris d'autant plus profond que beaucoup de ses symptômes et manifestations des Occidentaux heurtent de plein fouet la tradition de l'islam gravée sur le marbre de la charia. Ces musulmans qui au demeurant sont loin d'être tous des saints…, évitent au moins habituellement d'étaler leurs turpitudes. Au contraire, notre immoralisme, dans tous les domaines, s'exhibe avec la plus parfaite insolence. Ce sont à la belle saison des tenues vestimentaires féminines comme n'en auraient pas portées les prostituées il y a quelques décennies. Ce sont la luxure et la pornographie étalées dans la rue et introduites avec les petits écrans (télévision et ordinateurs) au domicile, jusque dans les campagnes les plus isolées. C'est la promotion ignoble des mœurs des pédérastes et des lesbiennes, alors que la charia prévoit la peine de mort pour les relations entre personnes du même sexe… C'est le mariage, la maternité et la famille attaqués par les lois, ignorés ou tournés en dérision par les médias, et s'effondrant de jour en jour au grand dam de l'avenir de notre peuple. C'est la promotion insensée de cette idéologie de mort, de la contraception à l'avortement. Et à l'usage des quelques rescapés de ce carnage, la drogue tolérée et dont les "artistes" proclament ouvertement qu'ils y recourent dans la plus totale impunité. Façon plus subreptice et plus sournoise mais infaillible d'affaiblir ou d'abrutir une proportion croissante de notre jeunesse.

Notre décadence se manifeste avec une égale intensité dans notre apathie et notre aboulie totale, face à la montée de la délinquance, du crime et de toutes les violences possibles et imaginables dans ce qui était naguère notre Douce France. Une immigration massive que notre système ne peut pas intégrer, un laxisme législatif et judiciaire illimité et suicidaire sont les ingrédients de conditions de vie relevant d'une barbarie comme la France n'en a jamais connue. Pour un Arabo-musulman normalement constitué, que des policiers, sur lesquels des voyous surexcités tirent à balles réelles, n'aient pas le droit de faire usage de leurs armes et se plient à cet ordre, ne sont pas des individus normaux : ce sont des fous. Oui, la France désacralisée devient folle[1] et ne mérite et n'attire que le mépris absolu.

 

Au temps de l'Empire français couvrant un cinquième des terres émergées, la paix a longuement régné dans de nombreux territoires. La mise sous tutelle de peuples arabo-musulmans fut possible parce qu'ils respectaient la France. En revanche, ces peuples, formatés par le Coran et ses incitations à la conquête et à la violence, s'enragent devant notre faiblesse et notre laxisme. S'y exposer, comme nous le faisons actuellement, se révèlera la plus folle imprudence.

 

Le couple schizophrène : réprobation-fascination

Tout ce qui précède fut d'autant plus vrai que le rigorisme moral et sociétal de l'islam était entretenu par une foi ardente. Or, suivant un processus évoqué récemment (Cf. Présent. 15 avril 2011) la jeune génération qui monte dans les pays arabo-musulmans, a évolué de façon drastique. Une certaine ré-islamisation est véridique. Mais la religion et ses activistes eux-mêmes sont moins totalitaires. Tout se sécularise et les différents courants d'opinion – des islamistes patentés au plus laïcs – cohabitent tant bien que mal. En outre, plus profondément, cette nouvelle génération est elle-même atteinte par les maux issus de la modernité, en particulier par un matérialisme ravageur issu d'un productivisme en délire. Les mêmes causes produisent les mêmes effets : un individualisme anti-social se développe chez cette génération comme il a ravagé notre société depuis longtemps. Tout converge pour que cette nouvelle génération rejette moins catégoriquement nos paradigmes les plus délétères et l'on finit par passer, dans bien des cas, de la réprobation hargneuse à la fascination pour notre société occidentale.

 

Un mot d'abord du côté matériel. Les ancêtres des hommes de cette nouvelle génération vivaient encore souvent dans de misérable gourbi, de bien pauvre mechta. Certaines émeutes de la population arabe (depuis l'automne 2010) furent des émeutes de la faim, d'ailleurs localement calmées par les pouvoirs publics en diminuant, par exemple, le prix de l'huile et du sucre. Pour eux, cet Occident n'est plus remarquable que par sa déchéance morale et sociétale. Il brille de la magnificence de son opulence et l'image qui résume tout, est celle de ces consommateurs effrénés, chargeant leurs caddies à ras bord et s'en tirant avec quatre chiffres hâtivement frappés sur le clavier de la carte bleue. La disette, relative mais bien réelle, qu'ils connaissent, leur paraît insupportable. Ajoutons – et c'est au moins aussi important – que ces Occidentaux adeptes de la démocratie et leurs envahisseurs éventuels bénéficient chez nous d'allocations infinies, de la santé gratuite, des crèches et des écoles, de logements sociaux – souvent réservés à leurs envahisseurs -, etc.

 

Ici, se situe une interprétation erronée qui se trouve à la source de tout le drame tragique dans lequel s'enferrent ces révolutions du monde arabe. C'est d'imputer à la démocratie l'opulence relative des pays occidentaux, insolente par rapport à leur propre condition ! En fait, notre économie a hérité de notre appétence séculaire aux progrès techniques et scientifiques et d'une tradition millénaire sacralisant le labeur quotidien et l'exploitation méthodique de toutes les ressources naturelles. La démocratie n'y est pour rien. A supposer qu'elle soit transposable à ces pays arabo-musulmans, elle ne guérira pas les maux imputables à des caractéristiques ataviques  opposées à celles qui règnent chez nous et qui viennent d'être évoquées.

 

A côté de cette supériorité matérielle, ce qui peut égarer cette nouvelle génération d'Arabo-musulmans s'avère d'ordre spirituel. Dans notre pays, en dépit du désenchantement contemporain rappelé ci-dessus, existent des résidus de ce qui faisait la Douce France, enracinés en profondeur par la tradition chrétienne d'amour et de charité et par l'espérance que cette foi vivifie jusque dans les pires épreuves. Pour qui a parcouru ces pays arabes en profondeur, l'atmosphère y est totalement différente. Est-ce à imputer à une tradition religieuse sévère ? Est-ce en partie imputable au sort de la femme arabe et à sa relégation dans le cocon familial aux dépens de sa participation active à la vie collective de la société ? Toujours est-il que les visages sont souvent plus fermés, plus moroses et plus austères que chez nous, bien avant les drames actuels et l'urbanisation inhumaine qui ravagent ces pays et le manque d'espérance qui gagne ces jeunes occupés "à soutenir les murs avec leur dos". Mais, là encore, imputer ces mentalités et ces conditions de vie à la démocratie serait une aberration. Cette démocratie, accouchée par la révolution, fut comme celle-ci ennemi de notre tradition religieuse, source vive des qualités uniques de notre tradition française.

 

Arrivons à la question la plus importante dans ce couple antagoniste "réprobation-fascination". Je viens d'évoquer ci-dessus, dans notre déchéance actuelle qui pouvait légitiment faire horreur aux musulmans de tradition, l'importance de l'idéologie libertaire d'où suintent les comportements soixante-huitards radicalement anti-sociaux. Or, dans les pays arabes, la jeune génération est fascinée par l'extrême diversité d'opinions qui s'expriment librement chez nous dans la rue comme dans les médias. Ces admirateurs ne vont pas jusqu'à approfondir les dégâts irrémédiables qu'entraîne ce laxisme invraisemblable. De cette liberté d'expression littéralement affolée est issue la liberté des comportements qui va du "droit à l'avortement" - qui tue l'avenir de notre race – au laxisme intégral à l'égard de l'insécurité et de la drogue qui se généralisent. Est-ce cela qu'ils veulent ou pour satisfaire leurs pulsions se moquent-ils de ces perspectives d'avenir propres sans doute à alimenter les fantasmes ?

 

Toujours est-il que dans les réclamations véhémentes clamées de l'avenue Bourguiba et de la place Tarhir à une partie du monde désormais, l'essentiel tient à l'exigence d'un paquet- cadeau reçu de l'Occident – à son corps défendant d'ailleurs le plus souvent - : c'est, intimement liées d'ailleurs, la démocratie et la liberté d'expression. Qu'y a-t-il sous ces revendications ? En fait, tout se résume en un mot : ils veulent être libérés des contraintes, de toutes les contraintes morales, politiques, sociétales voire – pourquoi pas – économiques. Cette soif ardente d'émancipation totale ne peut déboucher que sur une anarchie qui plongera ces pays dans une misère aggravée, dans une désespérance plus profonde et dans des désordres plus sanglants.



[1] - G. Dillinger. Désacralisée la France devient folle (2006). Editions Du Alpha

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